L'Histoire du Roller de 1760 à aujourd'hui

Merci à l'un des rares historiens du roller: Sam Nieswizski. L’historique suivant est en partie issue de son ouvrage «Rollermania» (de 1991) qui reste une référence incontournable de l'histoire du roller.

1) Les premiers patins.

Les premiers patins semblent dater du XVIIIème siècle. Sam Nieswizski explique dans son livre que l'on ne sait pas précisément si ces patins possédaient des roues alignées ou non, bien que les premiers patins en ligne furent largement inspirés des patins à glace. On ne sait que partiellement qui a inventé le patin à roulettes. On aurait trouvé trace d’un hollandais du début du XVII ème siècle mais personne ne dispose d’une documentation suffisante à ce sujet.
On attribue donc l'invention des patins à roulettes à John Joseph Merlin (1735-1803) originaire en Belgique. Il eut l'idée, vers 1760, d'adapter le patinage sur glace à la terre ferme en fixant des rouleaux en métal sur une plaque de bois.

Le patin à roues alignées de Tyers

Dès les prémices du patinage, notamment avec le patin à roues alignées de Tyers, le châssis présente des ressemblances étonnantes avec les modèles actuels : 5 roues alignées comme sur les rollers de vitesse moderne utilisés pour la compétition, un arrêtoir avant, une butée arrière.
Il est également intéressant de noter que, dejà, les roues ont différents diamètres, mais dans un but différents. A cette époque, on avait déjà compris que la disposition des roues en arc de cercle rendait les patins plus maniables et facilitait la prise de courbes. Nous remarquons enfin, le système de freinage déjà présent à l’époque sur l’arrière du châssis et qui n’est pas sans rappeler les tampons des modèles actuels.

2) Evolutions technologiques au cours du XVIII ème siècle.

Un patin à 2 roues de 1898

L'idée fit son chemin, en France, avec Maximiliaan Lodewijik Van Lede et ses «patins à terre» en 1789. Il était alors considéré comme un excentrique. Petibled déposa, en 1819, le premier brevet de patins à trois roues en ligne munis d'un butoir en guise de frein. Ces patins pouvaient être en bois ou en métal. Ils possédaient un frein nommé «arrêtoir» composé d’une vis fixée au talon. Le châssis était fixé à la chaussure à l'aide de sangles tout comme les patins traditionnels de notre jeunesse.
De nombreux inventeurs imitèrent Petibled, dont notamment: Spence, Tyers, Lohner, Garcin, Legrand. Le patinage devient alors très à la mode dans les grandes villes américaines et européennes qui s’équipèrent de patinoires spécifiques.
Les matériaux de la seconde moitié du XIX ème siècle ne permettaient pas de fabriquer des roues performantes. Elles étaient en laiton, bois ou en corne, qui offraient une adhérence précaire et un très mauvais roulage d’autant plus que les sols étaient biens moins lisses qu’aujourd’hui. Garcin suggéra d'utiliser l'ivoire pour fabriquer les roues, mais nous ne savons pas si elles furent produites. Les patins à roulettes ne cessèrent par la suite de se transformer, de se renouveler, d’évoluer au fil des modes.

3) Naissance des patins traditionnels et déclin du patin en ligne

Les patins à essieux mobiles (patin traditionnel aussi appelé quad) firent leur apparition sous l’impulsion de l'Américain James Leonard Plimpton en 1863. Il nomma son invention: «rocking skate ».
Ce patin est composé de 4 roues en bois montées sur deux essieux. L’inclinaison latérale des pieds fait converger les essieux et permet de tourner. L’usure prématurée des roues sur les essieux constituait le seul problème posé par ce système. Il perfectionna donc son invention par l’ajout d’une bague en bronze à l’intérieur du trou de l’essieu. Il mit au point un système de lubrification. Ce système, composé d’une vis sans fin, permettait de limiter l’usure des roues en entraînant la graisse sur les points de friction. Plimpton fit fortune grâce à son invention.

Une publicité pour des patins à roulette en 1908

C’est à partir de cette période que le patin en ligne va décliner. Plus maniables, et tenant mieux la route que les rollers en ligne, les patins traditionnels permettent de tenter les figures les plus osées. Cependant, les patins en ligne ne furent pas totalement oubliés. En effet, ceux ci restaient plus légers, coûtaient moins cher, tout en nécessitant moins d’entretien et de réglages.

4) L'avenement du roulement à billes

C’est alors que l'anglais J.Gidman déposa, en 1852, un brevet pour des patins à roulettes équipés de roulements à billes. Il fallu attendre 30 ans de plus pour trouver les premiers patins à roulettes équipés de roulements à billes (L’invention des roulements à billes ne date pas de cette période, mais du XV ème siècle, Léonard de Vinci avait déjà élaboré ce système mécanique, mais en était resté au stade de l’invention dans la mesure où les moyens techniques de l’époque ne permettaient pas de produire ces roulements).

L'américain Levant Marvin Richardson (1884) adopta la solution du roulement à billes. Cette période fut marquée par le début de la production en série. L.M. Richardson perfectionna le modèle de Plimpton en ajoutant des coussinets en caoutchouc pour rétablir la position d’équilibre des essieux. Ainsi, les patins traditionnels atteignirent quasiment leur «design actuel».
La fin du XIX ème et le début du XX ème siècle fut marqué par l’apparition de cycles-patins qui pouvaient avoir des structures proches des patins à essieux ou des patins en ligne. Leur invention répondait à un besoin de patiner sur tous les types de surfaces et laissait déjà préfigurer les patins tout terrain contemporain avec, en particulier, l’emploi de roues en caoutchouc ou équipées de pneumatiques.

5) Une révolution récente: les roues en polyuréthane

La période qui va suivre sera relativement calme. Les producteurs proposent à bas prix des modèles fabriqués en série équipés de roues métalliques et de roulements de qualité médiocre. Seul les compétiteurs disposent de modèles performants équipés de roues en bois (buis) plus roulantes mais aussi plus fragiles. Le caoutchouc est parfois utilisé (notamment en France en 1912). Des modèles équipés de pneus et de chambres à air apparaissent en 1987. C’est en 1979 que naissent les roues en polyuréthane. Les roues en polyuréthane présentent de nombreux avantages pour les pratiquants et les fabricants. On peut considérer que cette innovation a réellement relancé la pratique du roller en ligne: tout d’abord aux Etats Unis dans les années 80, puis vers l’Europe à partir du début des années 90.
C’est également à partir de cette date qu’une distinction va s’opérer entre le «roller» et le «patin à roulettes» qui désigneront respectivement le patin vissé à la chaussure et le patin à courroies.

Nous pouvons constater que la ligne de ce modèle est très proche des patins de vitesse actuels (chaussure basse dure à composante cuir posée sur un long châssis métallique équipé de roues en polyuréthane). Depuis, le nombre de roues a varié, entre 2 et 6 voire 8 roues (non alignées). Le patin à roues alignées le plus long possédait 7 roules.
Les fabricants se mirent alors à fabriquer des patins en ligne également appelés Rollerblade, du nom de leur principal fabricant. Plus rapides, ils séduisirent la jeunesse des années 1980-1990. Le roller a été proposé pour la première fois en démonstration aux jeux Olympiques de Barcelone en 1992. Ce fut le patin traditionnel par l'intermédiaire du Rink-Hockey qui eu cet honneur.

6) La naissance de Rollerblade et l’envol du roller en ligne

La première marque à avoir déposé un brevet de roller en ligne en 1960 serait "Chicago", originaire des Etats-Unis. L’image ci-contre représente un des premiers patins en ligne de la firme Rollerblade comme le montre le logo de la marque sur l’arrière du châssis.. Il date donc du début des années 80.
La création de la marque viendrait de l’engouement en 1980 de 2 hockeyeurs américains : Scott et Brenan Olson.
Ils auraient monté leur première paire dans le garage de leurs parents après avoir découvert un vieux roller en ligne dans une boutique. Ils décidèrent de troquer leurs patins à glace par des patins en ligne pour s’entraîner hors saison. Le produit envahit les rues du Minnesota durant l’été. Les skieurs qui souhaitaient s’entraîner l’été rejoignirent le mouvement. Les frères Olson furent repérés lors d’un show à Las Vegas par le propriétaire italien de Roces qui racheta la marque Rollerblade. Il s’en sépara plus tard pour lancer ses propres gammes de rollers en ligne sous la marque Roces.
Rollerblade prit réellement son envol en 1985 lorsque Robert Naegele a racheté l’entreprise. Rollerblade fut successivement une filiale du groupe Benetton Sports System et de Tecnica depuis 2003.
La marque s’est tellement développée qu’elle en est devenue un terme générique. On parle maintenant d’acheter des «Rollerblade» comme si l’on parlait d’un «Frigidaire».

8) Rollerblade a ouvert la voie grâce à ses innovations

Rollerblade et les différentes marques qui entrèrent en concurrence apportèrent une multitude d’innovations qui permirent une segmentation du marché, par exemple:

Le roller se décline maintenant en une pluralité de modèles répondant à des pratiques bien spécifiques. On peut se demander légitimement si l’ensemble des produits existant sont issus d’un modèle répondant à un usage ou bien si le marché a été segmenté dès le début de la production en série.